Les envies d’évasion, de sérénité, le besoin de prendre du recul sur les vies éphémères et matérielles que nous côtoyons au quotidien, nous ont fait naviguer loin sur les mers  jusqu’aux confins des îles Shetland solidement ancrées entre l’indomptable Atlantique et la ténébreuse Mer du Nord.

L’ECOSSE, On s’était promis d’y revenir… We are Back ! Avec cette fois un périple un peu plus loin, un peu plus haut, un peu plus sauvage, un peu plus froid, à la découverte des îles Shetland !

Le BRroad trip commence

Lorsque je prononce les mots « îles Shetland » je ne sais pas pour quelles raisons mais j’ai l’impression d’être dans un documentaire de Nicolas Hulot. Partir en expédition dans un archipel loin de tout, un endroit peu visité et donc encore peu connu. Archipel, ça aussi c’est un mot qui fait voyager, non ? Qui autour de nous décide pour ses congés annuels de partir visiter ces îles situées globalement à la même latitude que Bergen en Norvège. Un ensemble composé d’une centaines d’îles pris entre l’océan Atlantique à l’ouest où se trouvent aussi les îles Féroé (tristement célèbres pour ces massacres annuels de cétacés) et la mer du Nord à l’est. Des mers et océans qui n’invitent pas vraiment à la baignade à première vue, et ce même en période estivale, à moins d’être un descendant Viking ou un phoque des Shetland, qui eux y ont élus domicile!
Pour situer les Shetland sur la carte, prenez la Grande-Bretagne dans son ensemble et survolons du sud au nord. Il y a l’Angleterre au sud (et le Pays de Galles sur sa côte ouest) et l’Ecosse au Nord. Plus au nord, en traversant la mer se trouvent les Orcades, et encore plus au nord, se trouvent les îles Shetland! Nous y sommes! Une terre aux rivages découpés comme de la dentelle mais au climat et aux vents violents et rudes comme une invasion barbare.
Pour se rendre aux Shetland plusieurs options possibles. L’avion, plus rapide, plus simple, peut-être même plus économique. Nous préférons VIVRE le temps du voyage mais tout d’abord prenons l’avion pour rejoindre l’Ecosse jusqu’au petit aéroport d’Inverness connu pour son monstre qui habite un certain Loch. Nous avons publié un article à ce sujet, c’est ICI. Tout notre voyage sera fait de trajet en voiture ou en bateau. Notre BRoad trip peut commencer !

(*BROADtrip, est une association des mots anglais Boatrip et Roadtrip pour parler de voyage en bateau ou en voiture)

Easyjet-Shetland

 

Visite d’une distillerie de Whisky

Puis nous avons loué une voiture pour nous rendre au port d’Aberdeen à l’est du pays où un Ferry nous attendait pour une traversée de nuit de près de 15h. En passant, nous en profitons pour faire un petit détour vers une des nombreuses distilleries de Whisky de la région et pour déguster et ramener évidemment une petite bouteille de 15 ans d’âge.

Croisière en ferry: l’appel des Shetland

Il est également possible de prendre des ferries au nord du pays, mais il n’y en a pas tous les jours, il faut donc bien vérifier ce point et l’anticiper en réservant ses traversées sur les sites de ferries (Orkney ferries ou Northlink Ferries). De plus dans notre cas, ce trajet, associé aux autres ferries de notre voyage, était la combinaison la plus économique possible. Il est en effet possible d’avoir un tarif plus intéressant avec des billets combinés A/R même à destination d’autres ports, dès lors que l’on prend deux trajets avec la même compagnie de Ferry. Ça peut aider !

Port d’Aberdeen, 17h: On embarque pour une longue traversée de 14h sur un ferry qui ressemble plus à un petit yacht de croisière qu’au ferry pour traverser la manche lors de mon voyage linguistique en Angleterre en classe de 5ème. Salle de cinéma, restaurants, bars, cafés, salle de jeux, salle d’observation, cabines 1ère ou 2ème classe, et même un club privé lounge avec boissons, gourmandises et journaux…pour £15-£20/personne de mémoire. Nous nous contentons d’un siège inclinable réservé en ligne pour quelques livres. Après réflexion, on aurait pu s’en passer. En période d’affluence pourquoi pas, mais sinon ce n’est pas nécessaire. De notre avis, le mieux c’est la cabine si vous avez besoin de dormir et de confort. Si vous êtes jeunes ou un peu routards, prenez un des nombreux sièges gratuits dès votre montée dans le bateau ou même une banquette, qui sera plus confortable que tout siège payant. Certains, équipés d’un plaid et d’un oreiller de voyage préfèrent même s’allonger sur la moquette.
Au petit matin, depuis le pont supérieur, au milieu d’une mer bleue sombre, plate et infinie, apparaissent les courbes de ce que l’on devine être l’archipel des Shetland. Les Shetland étant composés de nombreuses îles, l’arrivée s’effectue toujours sur l’île principale, appelée Mainland, dont la ville et le port majeur est LERWICK, devant sa petite sœur SCALLOWAY. Attention, « majeur » ne signifie pas « grand ». On parle d’une ville de 7500 habitants mais elle est le cœur administratif et commerçant de l’archipel. Une ville aux allures de villages bretons avec des maisons de grosses pierres grises de granit et de petites échoppes çà et là, mais surtout des hangars destinés à l’industrie de la pêche. De ce fait il est fréquent de voir des phoques communs aux abords des hangars en quête de restes de poissons issus des bateaux de pêche. Ils ne sont pas trop farouches et s’approchent incapable de résister à l’appel de leur estomacs gourmands. Lerwick renvoie cette lenteur…euh douceur de vivre.

A la rencontre des habitants de l’île

A notre arrivée, nous allons directement sur l’île de BRESSAY, juste en face, pour une randonnée nature possible grâce à un petit ferry régulier qui relie les deux îles. Immersion dans la singularité des Shetland, où la nature, le calme et le vent, seuls nous accompagnent. L’île qui est habitée doit certainement voir sa population partir travailler sur l’île principale le matin et se retrouve donc vide d’âmes en journée. C’est très dépaysant, d’autant que l’on ressent un sentiment de sécurité apaisant et très agréable. Dans certains pays on a ce sentiment de liberté mais selon la faune du pays ou la population aussi, on a rarement l’impression de pouvoir s’abandonner sans retenue, sans crainte. Bressay provoque cette impression. L’île est d’ailleurs tellement peu peuplée que lorsque nous croisons une rare voiture, celle-ci s’arrête et propose naturellement de nous avancer sur notre trajet. Enfin ça s’est si vous comprenez l’accent écossais des Shetland! On a plus deviné ce que le conducteur voulait nous dire que réellement compris ses mots, et pourtant Djo et moi parlons anglais couramment. Si la population shetlandaise est si ouverte et accueillante, ce voyage s’annoncent sous les meilleurs hospices !

 

En découvrant l’architecture des maisons shetlandaises, on ressent bien les influences norvégiennes – des maisons en lattes de bois peintes de couleurs vives. D’autres aussi, plus basses, aux formes cubiques avec de petites fenêtres placées hautes, particulièrement présentes sur l’île de Bressay et qui me rappellent étrangement la ligne des habitations fantômes construites dans les années 50 à Atomic City dans le Nevada. Un style très simple, très épuré qui ne laisse pas de place au superflu. Heureusement ici l’objectif n’est que de se protéger du vent, des intempéries et ainsi s’isoler du froid.

St Ninian’s Beach

Plus légèrement, l’Ecosse et les Shetland, elles, sont une terre où l’on trouve quelques-unes des plus belles plages du Royaume-Uni et même du monde. Des eaux claires, des plages de sable blanc et des côtes découpées recouvertes d’un duvet verdoyant qui contraste magnifiquement dans le paysage en beige et bleu. Un mix du paysage de vacances idéal pour Djo et moi. Par-dessus tout, ce paysage semble n’attendre que nous, n’appartenir qu’à nous tellement ces lieux sont peu peuplés. Ici le mot « promiscuité » n’existe pas! La découverte continue avec des plages étroites cernées de part et d’autre par la mer, comme une langue de sable fragile prête à être submerger par les eaux à St Ninian’s beach.

  

    
La mer découpe tellement le paysage que même l’unique piste de l’aéroport de Sumburgh est encastrée entre deux bras de mer. On est vraiment loin de Dubaï, ici c’est le paysage qui dicte sa loi et qui décide de l’emplacement des infrastructures! La longueur de la piste est si petite qu’elle a dû empiéter sur la route. Cela créé des situations amusantes où très souvent dans la journée la route est bloquée par un passage à niveaux et un feu rouge indiquant qu’un avion va atterrir ou décoller et que le passage est réquisitionné. Comme en bateau, c’est la priorité à celui qui ne peut manœuvrer facilement ! L’avion gagne la partie ! Et pendant ce temps moutons noirs, poneys et animaux humains regardent passer l’avion.

Les ornitho-lovers

Les Shetland sont aussi un archipel pour les amoureux des animaux. Très fréquentés par des centaines de variétés d’oiseaux marins, ces îles sont aussi connues pour leurs phoques et leurs poneys potelés parmi les plus petits du monde, mais aussi pour ses postes d’observation de traversées d’orques…
Parmi les oiseux que nous souhaitions voir, il y avait le « Puffin ». Rien qu’à son nom on sait que c’est un animal qui ne peut être que gentil, mignon et tout en rondeur. Et il est vrai qu’il est craquant cet oiseaux – qu’on associait à un pingouin avant de le voir en vrai, c’est dire l’étendu de notre méconnaissance de l’animal.
Tout d’abord il est tout, tout petit! Sur les côtes du phare de Sumburgh à la pointe sud de la Mainland shetlandaise, où la colonie de Puffins est réputée nidifier, les observateurs se pressent et attendent que le miracle arrive. Miracle oui car le puffin est un animal timide, et qui vit dans un terrier comme un lapin. Donc pas facile à voir s’il ne souhaite pas se montrer. Il faisait froid et venteux lorsque nous y sommes allées. Nous cherchions du regard au loin sur les arrêtes des falaises depuis 30 bonnes minutes quand soudain c’est à moins de 2 mètres, en bord de chemin qu’un Puffin à silencieusement montré le bout de son nez pour se poser à côté de nous! Je ne sais pas depuis combien de temps il était sorti du terrier avant que nous ne le remarquions car personne autour de nous ne l’avait vu non plus. Comme un pied de nez à tous ces indiscrets que nous sommes. Il est beau, le bec coloré, les yeux tristes comme un Pierrot, et adorablement craquant comme son nom le laissait entendre. Beaucoup plus petit qu’on ne l’aurait imaginé, il n’était pas plus gros qu’un pigeon !
Ce fût le premier Puffin observé, la meilleure émotion de la journée, voire de la semaine. Nous en avons vu de nombreux autres les jours suivant lorsque la météo fut plus optimiste et cela nous a comblés.        

Notre Ushuaïa à nous

Nous sommes arrivés aux Shetland avec un cœur plein d’espoir et l’envie de vivre cette expérience comme une expédition pour Ushuaïa ou Okavango… L’observation animale et végétale était notre priorité, et le Reflex était entraîné pour ! L’objectif était clair: apercevoir des orques et aussi approcher les phoques qui peuplent l’île. Nous avons alors découvert que deux races de phoques étaient connues aux Shetlands, le phoque commun et le phoque gris.
Un local à qui nous avions demandé conseil pour apercevoir ses animaux nous avait dit deux choses: d’abord, qu’ils pouvaient être partout n’importe quand, et qu’il ne fallait pas quitter les rivages ni la mer des yeux ; et d’autre part, qu’en ce qui concernait les orques, il fallait aussi avoir de la chance et ne pas fier aux sites internet de géolocalisation car l’information est toujours obsolète lorsqu’elle nous parvient.
A partir de ce moment, que nous soyons en voiture, en bord de mer ou que nous prenions un café dans un bar avec vue sur la mer, nous ne quittions plus l’horizon des yeux, jumelles scotchées aux orbites, quitte à avoir des yeux de panda, et à garder des cercles d’impression à force de trop les presser !   

Les Shetland sont un paysage où l’on s’émerveille sur tout, sur le grand comme sur le minuscule. Sur l’immensité des plaines, sur l’horizon infini de la mer, sur des plantes, mousses et fleurs qui rasent le sol, car c’est un fait aux Shetland, ne cherchez pas d’arbre, ou de végétation haute, il n’y en a pas ou très rarement. Le vent, le climat a dessiné ce relief particulier et qu’il faut savoir apprécier avec ses particularités. Ici la terre est d’un brun sombre et sert à faire des briques qui serviront à alimenter les poêles pour chauffer les maisons.

Frankie’s Fish & Chips

Autre point fort des Shetland et dont la réputation dépasse les frontières, c’est le restaurant de Frankie’s Fish & Chips, réputé proposer le meilleur Fish & Chips de l’archipel. Ce plat emblématique de la Grande-Bretagne a remporté à plusieurs reprises le prix du meilleur Fish & Chips du pays. Tout le monde se pressent pour gouter cette recette ou toute autre spécialité de la mer accompagné de frites au vinaigre et d’un écrasé de petits pois.
Le voyage aux Shetland se termine avec un goût de trop peu. Ce périple nous l’avons vécu volontairement avec un esprit de découverte de la faune et de la flore. Une envie de bout du monde que cette destination a largement comblée.

  
Nous repartons avec un sentiment de gratitude envers la nature pour ce qu’elle nous a donné à voir lors de ce voyage et comment elle nous a ouvert les yeux sur des choses simples. A travers chaque voyage c’est aussi un peu de nous-même que nous découvrons en même temps que la destination, et ce voyage là aussi est une aventure.

 

Categories: Shetland

Sandrine

Toujours en quête de territoires inexplorés ou à la rencontre de nouvelles cultures, c'est notre Lara Croft à nous.

0 Comments

Leave a Reply

Avatar placeholder

Your email address will not be published. Required fields are marked *