Le Cambodge, nous l’avons abordé par voie terrestre après seulement 1 heure de route en bus depuis la ville vietnamienne frontalière nommée Chau Doc.
Passage de frontière dans un bus à l’intérieur fleuri
Puis 4 heures encore avant d’atteindre la capitale Phnom Penh dans un de ces bus ordinaire qui semble extérieurement correct pour l’Asie, mais qui dissimule un intérieur des années 40. Un bus qui devrait donc avoir plus de 60 ans, est-ce possible ? Usé, fleuri, même très fleuri, avec des rideaux à froufrous roses délavés, de petites peintures de paysages anglais éparpillés au-dessus des rangées de sièges, des télés dans un coffrage en contre-plaqué recouvert d’une toile cirée autocollante, elle aussi fleurie, et enfin cette odeur de poisson (ou de chien mouillé, j’hésite encore) qui a embaumé notre voyage, et un peu nos sacs aussi. Une odeur qui se dégageait des coffres, ou plutôt de la partie inférieure du bus où toutes sortes de marchandises invisibles étaient entassées en amont du voyage, mais qui nous étaient aussi cachées par une planche de bois au sol et des tapis pour camoufler une trappe improvisée condamnant par la même l’accès au toilettes. Toilettes qui soient dit en passant nous avaient été « vendues » à l’agence. Bus VIP oblige, on nous vendait du bus de standing. Dans notre cas, peu importe ! Bus pris à la volée, billets achetés 5 minutes avant le départ. Pas le temps de réfléchir, sinon c’était 24h d’attente pour le prochain bus et un taxi à payer pour retourner en ville car les gare routières au Vietnam comme ailleurs, sont loin des villes afin de faire travailler toute la communauté : Tuk-Tuk, moto-taxi…On ne leur en veut pas même si parfois c’est exaspérant.
Les transports, toute une expérience
Voici donc notre entrée en matière…de transport au Cambodge. Le début d’une belle histoire entre les véhicules à 2, 3 et 4 roues, et nous. Grace à lui nous aurons plus tard le privilège de côtoyer des familles cambodgiennes de près, parfois un peu trop. Chargés en masse dans des « minivans » : des petits bus de 4 rangés de 3 sièges chacun, plus le chauffeur et le siège passager. Sur chacune de ces rangés de 3 sièges, nous serons alternativement 4,5 ou 6 à échanger notre transpiration en toute friendly attitude, une fesse sur un siège, l’autre dans le vide, ou sur le sac à dos du voisin ! Une petite fille allongée sur moi, un petit garçon de 18 mois cul nu durant tout le trajet et passant d’une rangée à l’autre pour voir de plus près ces touristes ; un basketteur hollandais endormi sur l’épaule de Djo, des perroquets dans une cage trop petites pour 2…De bons moments ! lol Mais non nous ne retiendrons pas que cela du Cambodge, bien au contraire. C’est d’ailleurs le seul point négatif que l’on ait trouvé à pointer du doigt, tellement ce pays nous a ravis.
Phnom Penh
C’est donc à Phnom Penh que nous commençons par poser nos valises durant 3 jours, dans une Guesthouse du quartier routard, où le prix des chambres défie toute concurrence depuis le début de notre voyage : 3 € le lit en dortoir avec salle de bain privée. Et comme il ne reste qu’un seul lit de disponible, nous décidons de le partager, quitte à être un peu serré. Du coup ce sera encore moins cher !
Nous visitons la ville à pieds car les distances sont correctes et que nous aimons marcher : Le Royal Palace, la pagode… que le 1er ministre Thaïlandais avait décidé de visiter au même moment que nous (si si), des bâtiments coloniaux administratifs (la Poste, le cabinet du 1er ministre et celui du conseil, la gare ferroviaire fermée), le musée national (très zen) et le marché ( construction française de style art déco datant de 1935-37) reconnaissable à sa forme en croix (vue du ciel) et à sa couleur jaune.
Les Killing Fields ou camp d’extermination
Le 2ème jour nous allons visiter les « Killing Fields » de Choeung Ek, situé à 15 km au sud de la ville et qui fut d’abord un cimetière chinois, avant que Pol Pot ne le transforme en camp de la mort durant le régime Khmer rouge, de 1975 à 1979. L’audio guide du site est très bien fait et si j’ai bien suivi, voici quelques explications rapides que j’ai retenues pour ceux que cela intéresse. Pol Pot voulait rebâtir le pays « le nouveau peuple », un peuple rural aux valeurs communistes. Il ordonna ainsi l’évacuation des populations de villes (les intellectuels) vers les zones rurales. La ville de Phnom Penh fut ainsi vidée en 3 jours seulement (familles, hôpitaux..). Les cambodgiens furent d’abord envoyés dans des camps de travailleurs, puis progressivement vers des camps de la mort, où les camions arrivaient chaque jour. Les détenus étaient exécutés la nuit même de leur arrivée. Selon les avis, il y eu entre 1,7 et 3 millions de morts en 4 ans dans le pays. D’autres camps similaires sont disséminés un peu partout dans le pays, mais tous n’ont pas été découverts car une partie est située dans la jungle et pour l’autre, cela se trouve sur des terrains où il y a encore des mines explosives. Je vous passe les détails de la visite qui est bouleversante même plusieurs jours après la visite du site.
Direction le Ratanakiri
Après 3 jours à Phnom Penh, nous décidons de bouger nos valises. Rien n’était écris sur notre séjour au Cambodge. Sûrement un tour des sites touristiques les plus connus, longeant le fleuve et lac Tonlé Sap jusqu’à Ankgor. Changement de programme. Nous découvrons en discutant avec un couple de français, routard des premières heures, que la région plus reculée et plus rurale du nord-est du Cambodge recèle des merveilles naturelles. Ni une, ni deux, nous partons le lendemain pour nous rendre dans la province du Ratanakiri, vers Banlung, avec un arrêt à Kratie, au bord du Mékong afin d’observer les derniers « dauphins de l’Irrawaddy ».
Ratanakiri, le nom en soi nous fait déjà rêver ! Il est de ces noms qui stimulent l’imagination, qui nous intriguent : Ushuaïa, la Patagonie, l’île de Pâques, la Transylvanie, Kuala Lumpur, Papeete…
A bord d’un minivan pour Banlung
Nous partons donc pour 8 à 9 heures de minivan (à 22 dans le minivan + 200 kg de manioc fixés à l’arrière du bus, des sacs de ciment sous les sièges…). Tout entre dans le minivan! Ça ne rentre pas ? Pas grave, on a des cordes pour ficeler le minivan comme un saucisson : dessus, derrière, dessous si nécessaire (j’exagère ! hmm si peu). Avec ce système, un coq a voyagé, toutes plumes au vent à l’arrière du van. Et aux voyageurs du van de profiter des sons de la basse cour pendant 8 h de bonheur !). Nous arrivons épuisés et liquéfiés à Banlung, ville proche du Laos, d’où partent de nombreux treks pour la jungle. Mais Banlung c’est aussi la ville où se trouvent de nombreuses cascades jusqu’à 30 mètres de haut où nous pouvons nous baigner ; ainsi qu’un lac volcanique entouré d’une forêt verdoyante. Notre 1ere journée sur place, nous la passerons donc à la découverte à vélo de ces merveilles de la nature. Une expérience haute en couleurs nous attend. Armés de nos masques anti-pollution et chevauchant nos Mountain bike, entendez VTT, nous quittons après 2 petits kilomètres la route bitumée, pour une route de poussière ocre rouge et qui nous recouvre des pieds à la tête d’un pigment qu’il sera difficile de faire partir même après plusieurs lavages. Là encore, comme souvent lors de nos excursions, nous ne rencontrerons, à notre grand plaisir, aucun étranger. Nous avons les chutes d’eau pour nous seuls en général. Nous croisons parfois des locaux venus pique-niquer ou se baigner en famille. Nous réalisons la chance que nous avons d’être là.
Une nuit dans la jungle
Après une vingtaine de km nous rentrons à l’hôtel, sans oublier de réserver notre trek dans le parc national de Virachey pour passer 2 jours et 1 nuit dans la jungle le lendemain. Nous ne sommes pas seulement apprentis reporters mais aussi apprentis aventuriers, 1 nuit suffira comme baptême. (Depuis on regrette de ne pas avoir pris 2 ou 3 nuits)
A 8 h notre guide vient nous chercher à l’hôtel, dans son véhicule. Ce qui devait être 2 moto-taxi ou un 4X4 ressemble plus à ma vieille Clio que j’ai laissée à la casse avant le voyage. Et encore, celle-ci n’a plus, ni poignée, ni ceinture de sécurité, ni rétroviseur, ni vitre en état de marche. Mais grâce à elle l’aventure commence par 1h de montagnes russes sur une piste (poussière rouge toujours) afin de rejoindre l’embarcadère de notre pirogue qui nous mènera au village Kachok, où nous retrouvons notre ranger et d’où doit débuter notre trek.
Rencontre avec les Kachok
Nang est originaire de cette minorité ethnique, les Kachok. Nous arrivons au milieu d’une ambiance que nous interprétons comme festive. Notre guide nous explique qu’il s’agit en fait d’un rite funéraire pour le décès d’un petit bébé de 4 mois qui vient de mourir. Durant 4 jours la famille à laquelle le village se joint partiellement, boit, danse, écoute de la musique, sacrifie des animaux…
Nous passons encore 1h dans le village afin de terminer les préparatifs du trek puis nous commençons la marche à travers les champs de riz, les fermes (où nous déjeunerons) et enfin la forêt primaire. Nous entrons dans le vif du sujet…avec un peu d’appréhension et beaucoup d’excitation. Nous trekkons encore quelques heures avant d’arriver à notre camps, au bord d’une cascade et d’un point d’eau. Seuls au monde avec la nature, on se jette à l’eau pour profiter des derniers rayons de soleil et nous délasser.
Tous à l’alcool de riz maison! Choul’Moy!
Nous finirons la journée en préparatifs culinaires, apéro, jeux et soirée bien arrosée à l’alcool de riz local avec notre guide et ranger autour d’un feu de camp. L’ambiance devait être assez sympa pour que les 2 guides du camp d’à côté délaissent leur protégés pour se joindre à nous pour un petit verre. Choul’Moy ! (santé !). Encore quelques jeux, et devinettes, et nous nous glissons dans nos hamacs de l’US Army à l’heure avancée de 20H30 (à peine), pour dormir à la belle étoile et nous endormons à la lumière d’une bougie, avec en fond sonore, les bruits de la forêt et tous les chants d’oiseaux qui la peuplent.
Le lendemain, levé avec le soleil, café dans un mug en bambou et soupe de nouille avant de trekker encore 5/6h dans la jungle, et de découvrir une végétation encore très différente de la veille.
On découvre des arbres gigantesques, creusés dans le tronc mais toujours vivants. Notre guide nous fait découvrir toutes sortes de secrets sur la jungle, ses plantes comestibles, les traces d’animaux…
La fin approche, le retour au village Kachok sonne la fin du voyage. Nous le prolongerons encore quelques heures, en visitant la famille de notre ranger Nang pour une séance photo improvisée. Puis nous sommes invités dans la famille encore en deuil pour boire de l’alcool de riz. La journée se termine par le même trajet en pirogue où nous prenons le temps de nous remémorer ces 48 h de magie, puis en voiture et l’éternelle terre rouge qui se rappelle à nos bons souvenirs et nous recouvre encore, malgré la protection toute relative de la voiture.
Après ce périple, nous terminons la journée à siroter un bon jus de canne à sucre ou de coco au bar de notre hôtel, nichés dans des petites huttes de bambou dans le jardin.
Le lendemain, nous quittons le Ratanakiri à regret, pour rejoindre en « minivan » notre prochaine destination : la ville de Siem Reap et le site d’Angkor pour en prendre plein la vue et graver en mémoire des images toujours plus belles et plus saisissantes que les précédentes.
Sandrine
Autoproclamée Grand Reporter au Daily Vishnu… envoyé spécial au Cambodge







































































































0 Comments
talou · 15/02/2015 at 14:50
Coucou les nouveaux explorateurs. Magnifique ce récit sur le Cambodge. Quel dépaysement ! A Angkor vous allez en prendre plein les yeux. Bonne découverte. Grosses bises. Talou